Mon pote le fantôme
5.1
Mon pote le fantôme

Dessin animé (cartoons) Disney XD (2013)

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Funky Ghost

On peut regretter à certains artistes de ne pas faire assez évoluer leurs styles, de toujours faire la même chose. On peut le voir dans la chanson avec certains compositeurs qui se sont spécialisés dans une seule et même musicalité, mais c'est aussi vrai dans la réalisation et la création de série d'animation. Entre artiste singulier et faiseur en pilotage automatique, Butch Hartman peut être considéré comme un sacré exemple d'artiste dont on peut se demander s'il peut varier de style tant ses créations se ressemblent, entre Danny Fantôme, de très loin sa plus grande réussite, et au vu des premières images, on pouvait s'attendre à quelque chose de novateur.


Il est intéressant de noter comment le style arrondi de Jan Van Rijsselberge est parfaitement bien adapté aux codes du cartoon américain. On retrouve ces yeux très ronds et notamment la morphologie du visage avec le menton en pointe que l'on retrouve dans l'ensemble de sa filmographie, mais à aucun moment le style ne prend le pas sur le registre cartoon américain qui est pleinement mis en avant. Paradoxalement au contexte de commande pour l'un des studios les plus à cheval quant au respect d'une certaine conception du divertissement, outre la très belle capacité d'adaptation, on voit surtout une très grande liberté artistique où le réalisateur expérimente et semble s'am avec son sujet. Tout l'univers est pop, plutôt beau et attrayant, dans une forme de dynamisme qui contraste avec l'ambiance un peu terne de ces précédentes réalisations. On le voit en permanence à travers le personnage de Billy qui est l'un des personnages s'éloignant le plus plastiquement du travail de Van Rijsselberge, et qui va être la source de toute la fantaisie et la créativité de son réalisateur. Il le tord, le fait voler dans tous les sens, il le transforme sous toutes les formes, et porte littéralement toute la série (voire un peu trop, on y reviendra plus tard). C'est le centre même de la série et on prend plaisir à suivre Billy dans un registre qui peut paraitre une redit du génie dans Aladdin, mais qui arrive à insuffler une forme d'irrévérence et de liberté communicative. Cette liberté est grandement dû au statut de fantôme de Billy qui lui confère des pouvoirs et fait appelle aux codes du divertissement mettant en scène des fantômes, et qui là aussi démontrent à quel point le réalisateur s'amuse avec son personnage. Quasiment tous les codes et ressorts scénaristiques y sont ou presque, et là où il aurait été facile de recopier les gimmicks propres aux fantômes sans trop se prendre la tête, le réalisateur expérimente et propose des choses plutôt originales pour mettre en scène ces pouvoirs de la meilleure des façons. On retrouve tout un rapport au corps et à la mutation qui peuvent apparaitre lors de e entre les personnages humain et le fantôme de Billy. Il y a bien sûr les utilisations d'ectoplasmes qui vont déclencher des événements, mais aussi des moments où Billy lui-même va pour utiliser ses pouvoirs ou être atteint par des événements. Lorsque Billy va prendre possession de quelqu'un, il va physiquement rentrer dans la personne, donnant parfois des images assez embarrassante pour les personnages possédées, mais qui sont source de rire et de légèreté. Le pouvoir fantastique de Billy se confrontant à un univers trop ordonné qui engendre du rire et du divertissement, littéralement toutes les intentions de la série peuvent être résumé là dedans. Mais tout cela n'aurait pas de sens sans une très bonne écriture du personnage, toujours dans la tchatche, brillamment interprété et réapproprié par Christophe Lemoine dans un registre qu'il connait mais dont il arrive à insuffler une personnalité et un dynamisme qui fait le charme du personnage. On pourrait craindre que la série se repose essentiellement que sur son personnage, et même si c'est un peu le cas (en même temps c'est le parti prix de la série de centrer le divertissement et le fantastique sur lui, en partant de ce postula il est très difficile d'en être autrement), on peut tout de même noter des tentatives de développer l'univers autour. Le personnage principal voulant être réalisateur de film d'horreur, on est amené à le suivre dans ses tentatives de tournages, dans ses recherches de plateaux qui peuvent l'amener à sortir de sa villa où il aurait été trop simple d'y rester confiner. On retrouve cette envi d'ailleurs et de créativité même dans l'école (généralement un lieu qui est utilisé comme une excuse pour montrer le moins de décors possible), où on e une très grande partie des épisodes, on n'hésite pas à aller à la cantine, au stade, dans les couloirs ou même le hall d'entré. On sent une envi de proposer quelque chose de nouveau et ce n'est pas faute à la série de proposer divertissements variés et originaux. Et là on en vient à mon principal problème: Comment c'est possible de proposer autant de choses et d'être aussi chiant et redondant ?


Parce que oui, si la série propose énormément de possibilités, celle-ci a décidé qu'il allait pleinement en exploiter aucune d'entre elle. On a un personnage qui veut réaliser des tournages, qui peut amener des enjeux et des scénarios originaux, mais sur les 60 épisodes, il doit y avoir moins d'une dizaine mettant la réalisation et la ion du personnage principal en avant. On pourrait se dire que c'est pour mieux mettre en avant Billy, mais les principales caractéristiques de fantôme sont és en coup de vent. Pour une raison que je n'explique pas, là où généralement la figure du fantôme est généralement exploité pour sa capacité à prendre possession de quelqu'un, la majeure parti des épisodes consiste à dire "Billy a de l'ectoplasme". Là où on s'attendrait à une forme de remise en question de la place de Billy dans la vie du personnage principal, dans une logique où Spencer voudrait améliorer son divertissement et Billy lui propose une amélioration disproportionnée qui amène une résolution remettant en question une vision vieillissante de penser le divertissement (et ainsi justifier le fait que c'est un fantôme et pas juste un génie avec des pouvoirs), la série nous propose tout l'inverse. C'est de Spencer que viennent la majeure parti des mauvaises idées à corriger, et Billy est presque utilisé comme un distributeur à pouvoir avec son ectoplasme. La caractérisation de Billy en fantôme est tellement inexistante ou presque que cela ressemble beaucoup plus à une sorte de prétexte à skech plutôt qu'une réelle envi de profiter des possibilités qu'offre l'état de fantôme. On n'est même plus sur un rapport d'amitié entre amis qui s'aident activement, mais dans un rapport d'exploitation ive où l'un presse son autre ami comme un fruit dont il faut (littéralement) extraire le jus. En cela, on peut voir un rapport assez malsain et troublant que promu la série vis-à-vis du divertissement. Ce rapport presque condescendant et suffisant au divertissement et à l'amusement est reflété aussi dans le rapport qu'entretiennent les personnages qui approche parfois de la toxicité. On a toujours des stéréotypes amenant une forme d'antagonisme, une forme de réalisme quant à la cruauté des écoles, mais du contraste vis-à-vis de l'entourage du héros, afin qu'il y ait une mise en avant du fantastique comme quelque chose qui permet de s'extraire d'un climat pas toujours parfait. On en a déjà vu des centaines des fameuses filles populaires aux codes de conduites pratiquement dictatoriale, ou même les joueurs de football américain transpirant de muscle qui ne pensent qu'à extérioriser leurs frustrations sur le premier frêle qui croise son chemin dans les couloir de l'école. Faute d'être agréable quand on est enfant, ce sont des personnages importants dramaturgiquement qui participent à la beauté d'une série, et on peut avoir de sacrés surprises lorsque ces derniers évoluent et deviennent parfois des personnages touchants et amenant parmi les plus beau moments des séries d'animation jeune public. Pourtant ici, je pense que les personnages de tortionnaires (masculin ou féminin) sont l'illustration du rapport quasi malsain qu'entretient la série vis-à-vis du divertissement. On sent presque une forme de condescendance quand les personnages vont rabaisser le personnage principal vis-à-vis de sa ion, mais ce rabaissement n'est jamais remis en question... bien au contraire. Ces derniers étant des personnages pouvant être eux-même source de divertissement et d'aventure, on a presque une justification d'un regard très critique et supérieur vis-à-vis de Spencer et de sa ion pour le cinéma. Ce dernier est un souffre douleur qui consenti presque à se faire malmener et rabaisser parce que, dans le fond, ses tortionnaires ont en parti le droit de le malmener et d'être rabaissant à son égard. La plus part du temps, ces derniers viennent embêter le personnage principal sans aucune raison apparente, parfois par pure plaisir d'être méchant et de se moquer de Spencer qui n'arrive pas à se défendre. Pourtant, si la cruauté non justifié est parfois récurrente dans les séries d'animation américaine (car inscrit dans une volonté cartoon de dédramatiser lorsque ces tortionnaires subiront une justice qui peut être disproportionné sur le ton de l'humour), ce qui l'est moins, c'est que celle-ci soit glorifié et banalisé par les personnages principaux. Alors que Spencer a toutes les bonnes raisons du monde de trouver ça injuste et de vouloir bousculer les codes établis, on a ce rapport assez toxique où Spencer rigole presque de sa situation et résout l'épisode en prenant en compte que ses tortionnaires ne changeront jamais et qu'en soit, ce qu'il subit est habituel, que c'est presque normal car ça apporterait un charme à son quotidien. Outre la morale douteuse que cela amène (qui n'est qu'en fond d'un problème beaucoup plus large), ce qui frappe c'est la logique très réfléchit et cohérente de ce comportement par rapport à la note d'intention de la série. Si la ion de Spencer est aussi peu mise en avant, et si les capacités de Billy ne sont pas pleinement exploités, c'est qu'elles véhiculent une vision trop enfantine d'aborder la fantaisie que la série catégorise comme ringard. Que ce soit dans son générique ou même la manière dont les personnages sont amenés à s'am, tout est question de paraitre cool et mature face à une conception trop arrêté de ce qu'est un divertissement pour jeune adolescent. D'une certaine manière, les pouvoirs de Billy sont là pour recourir à un quotidien pas assez à la mode et trop ringard pour être intéressant. Ainsi, on a l'impression d'être constamment prit un peu de haut par une série qui pense savoir mieux que tout le monde ce dont le spectateur a besoin... chose qui ne se vérifie pas du tout sur la qualité du produit final.


A force de ne pas vouloir exploiter le plein potentiel de Billy, tout en définissant Billy comme le centre de divertissement, la série s'enferme dans une routine et une boucle qui devient assez redondant et qui ennui plus qu'autre chose. Le rapport entre les personnages n'évolue pas et on a ce sentiment bizarre d'être obligé d'accepter le comportement toxique de la blonde populaire et du sportif car c'est dans l'ADN de la série et que c'est comme ça que la série pense bien divertir son public. Le souci étant qu'à côté des pouvoirs de Billy qui tournent très vite en rond, on n'a plus grand chose pour pleinement profiter de l'univers, et ce n'est pas les enjeux secondaires qui changeront quoi que ce soit, bien au contraire. Les deux amis de Spencer sont... fantomatiques (elle était trop facile) et n'ont de caractéristique que d'être "le copain black" ou d'être la love interest secret du personnage principal, le tout dans un résultat qui frôle l'anecdotique. La ion de Spencer pour les films est aussi au second plan, et puis intervient une ionnée de Billy qui a recruté un chasseur de fantôme pour capturer Billy... les mots manquent pour décrire l'inutilité et le peu d'intérêt que l'on peut leur accorder. Tout est fait dans une forme d'artificialité qui ne peut pas fonctionner, et jouer la carte de l'irrévérence en catégorisant comme trop ringard les gimmicks scénaristiques qui ne nous plaisent pas ne fait qu'accentuer le sentiment de voir une série faite sans vraiment prêter attention aux attentes du public. C'est mou, c'est très convenu malgré une volonté de faire pop et moderne, et au bout de 4 épisodes on a déjà fait le tour... dommage que la série comporte une cinquantaine d'épisodes.


10,25/20


N’hésitez pas à partager votre avis et le défendre, qu'il soit objectif ou non. De mon côté, je le respecterai s'il est en désaccord avec le mien, mais je le respecterai encore plus si vous, de votre côté, vous respectez mon avis.

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Youdidi

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