Tracer Dieu dans les sables du temps

Cette critique est dédiée à fleurblanche234 et Jaklin qui l'ont demandé :)

Dieu de la Bible et du Coran n’est pas un livre de méditation. C’est un ouvrage exigeant et accessible, qui intéressera toute personne souhaitant mieux comprendre dans quel contexte la Bible et le Coran sont apparus.

Sa coécriture par trois spécialistes — chacun expert dans son domaine et animé d’un esprit ouvert — en garantit la qualité. Tous trois montrent, chacun à sa manière, que « Dieu » n’est pas une idée abstraite qui flotterait hors du monde : il émerge dans des contextes historiques et culturels bien concrets. Les traditions monothéistes sont nées d’une expérience spirituelle : la rencontre avec une Présence invisible agissante, une Parole intérieure qui éveille, un appel à la justice et à la fidélité.

Thomas Römer, protestant, professeur au Collège de , insiste sur la construction progressive de la figure de Dieu dans la Bible hébraïque. Il lit les textes bibliques non comme des dogmes tombés du ciel, mais comme des réponses à des crises historiques (l’Exil, les conflits politiques, l’élargissement à l’universel). Pour lui, YHWH ne naît pas comme Dieu unique d’emblée : il le devient, à travers une transformation spirituelle et historique.

Jacqueline Chabbi, historienne et islamologue, lit le Coran comme un texte oral, enraciné dans une culture tribale, et non comme un traité de théologie. Pour elle, Dieu y est d’abord le garant du lien communautaire, le protecteur dans un monde dur, où l’individu est sans cesse menacé.

Jean-Louis Schlegel, philosophe et sociologue des religions, apporte une réflexion sur le rapport moderne à Dieu, notamment en Europe. Il observe comment les figures de Dieu ont évolué : le Dieu juge, le Dieu-père, le Dieu lointain, le Dieu silence, etc.

Ce qui réunit ces trois voix, c’est une posture commune : hors dogme, mais engagée dans une quête. Tous trois cherchent à faire comprendre « Dieu » comme un mot humain, porteur d’une mémoire, d’un imaginaire, d’un souffle — sans exclure pour autant la possibilité d’une expérience intérieure réelle.