Un jeu qui fait pouet, comme son public

Je n’ai pas été convaincu par la proposition.

L’accueil dithyrambique des joueurs m’a intrigué. J’ai l’impression que le contexte explique plus le succès que les qualités du jeu lui-même. On vante le prix, la taille de l’équipe, le pied-de-nez fait aux gros studios, le mode de recrutement de certaines personnes de l’équipe du jeu, ou encore le fait que c’était un produit français.

De nombreux avis relèvent des défauts et un manque d’originalité dans le système de jeu. Ils le justifient par un : « on ne lui en demandait pas plus ».

Or, personnellement, j’en demande plus.

Commençons par le gameplay.

L’exploration se réduit à de laborieux couloirs. La structure est toujours la même : couloir, monstre, couloir, objets, couloir, monstre, … boss et cinématique.

Le combats m’ont ennuyé, à l’exception de quelques boss. C’est du tour par tour redondant avec des qte d’esquive, en rythme, quand l’ennemi attaque, un curieux mélange entre « je sélectionne dans un menu comme je sélectionne mon capuchino sur la borne à café » et Guitar Hero. On peut aussi faire du tir au pigeon sur des cibles immobiles : le panard absolu.

Je suis surpris qu’une proposition en apparence aussi clivante puisse satisfaire à l’hunanimite ou presque. D’autant que la répétition des compétences encore et encore sur des ennemis immobiles, avec les répliques à deux balles des personnages, est tout simplement abrutissante.

Il est vrai que certaines musiques, certaines zones (la zone de Sirène où le gameplay parvient presque à se fondre dans un propos et une harmonie) et certains combats sont particulièrement réussis. Je le concède.

Mais Clair Obscur ne parvient jamais à raconter quoi que ce soit par sa proposition de jeu. Il est obligé de nous imposer des cinématiques pour faire avancer son récit. Et des cinématiques larmoyantes avec des violons empesés pour bien insister sur les ions tristes !

D’ailleurs, visuellement et ludiquement, le jeu est un pot pourri d’autres jeux. J’ai é toute ma partie à relever des références ici et là (les jeux From Software et NierAutomata en particulier). Référence, inspiration ou repompage ? Honnêtement, c’est quelque chose qui me dérange avec les œuvres modernes : il n’est plus question de créer une œuvre avec une cohésion globale, mais de faire un empilement de référence. Car l’interaction prévaut aujourd’hui peut-être sur le propos et l’unité ? Et si les gens n’ont pas cette référence alors ce sera surement pour eux une bonne idée, puisqu’elle a fonctionné sur d’autres.

Et puis le récit est vraiment médiocre. C’est là que le bas blesse le plus d’après moi.

Les enjeux de départ (tenter de sauver le monde face à une menace inconnue) sont mis dans la bene à ordure au milieu du jeu. On nous sort un twist digne de BioShock Infinite qui anéanti tout ce que le récit tentait de construire. On cherche pendant des heures et des heures à nous faire chialer sur le destin tragique de personnages qui…

n’existent pas.

A ce propos je vous renvoie à la critique de BrianStorm : https://senscritique.telechargervous.com/jeuvideo/clair_obscur_expedition_33/critique/321607749.Je n’ai pas grand-chose à ajouter là-dessus.

S’ajoute un univers bancal, mais justifié,

car nous sommes dans une sorte de simulation (comme c’est pratique).

Le tout à grand renfort de ce que j’appelle de la random fantasy (excusez cet anglicisme, mais je trouve que l’anglais rend encore plus ridicule les choses ridicules). La random fantasy consiste à sortir de son chapeau du fantastique pour faire avancer l’histoire ou pimenter l’intrigue. Le fantastique n’est nullement justifié par ce qui c’est é au préalable et échappe à toute règle, sinon ça demanderait trop de travail. Dans le jeu, vous en avez tout le temps !

On a aussi des dialogues peu convaincants, agrémentés de jurons dés que les protagonistes éprouvent des sentiments un tant soit peu complexes (suite à un dilemme face à ses responsabilités, Gustave nous sort un « j’emmerde l’expédition, exemple parmi des dizaines d’autres). On se croirait dans Cyberpunk 2066, ce qui n’est pas un compliment, loin de là.

Enfin bon…

En guise de conclusion, je dirais que l’accueil des joueurs a peut-être plus de chose à raconter sur l’état des jeux vidéo en 2025 que Clair Obscur a de chose à raconter tout court. Drôle d’époque.