Un film n'a pas fondamentalement besoin d'une bonne histoire. Par la nature hybride du cinéma, au carrefour d'autres mediums tels que la photographie, la musique, la littérature ou le théâtre, il peut avoir de nombreuses raisons d'exister, et des films comme Fury Road, Drive, The Raid ou Taxi Driver (tous ces exemples sont discutables, mais vous voyez l'idée) l'ont déjà prouvé.
L'histoire des Amours Imaginaires tient sur un ticket de métro : un homme et une femme tombent simultanément amoureux d'un bellâtre qui ne les aime pas en retour.
On pourrait croire que le film prendra une direction inattendue ou offrira des rebondissements quelconques pour justifier ses 90 minutes de pellicule, mais il n'en sera rien. Les enjeux sont limpides dès les premières minutes, et le film avance avec une inexorable lenteur jusqu'à sa conclusion la plus prévisible, sans jamais dévier de la trajectoire annoncée.
Il le fait avec un certain panache, grâce à une mise en scène stylisée, une bande son originale, et une belle économie d'exposition. Certes, le film n'a pas grand-chose à expliquer, mais il a l'élégance de le faire par l'image et le jeu de ses acteurs, par des mises en situations, des réactions et des jeux de regards, plutôt qu'expliciter par le dialogue. Sa mise en image est si démonstrative qu'elle pourra paraitre grossière ou irriter certains, mais j'ai beaucoup aimé ses audaces et l'expérience sensorielle qui s'en dégage.
Le problème, c'est que je me suis aussi un peu ennuyé, parce qu'il ne se e presque rien, que le thème ne me ionne pas, et que l'absence d'histoire s'est faite violemment ressentir après la première demi-heure, quand il est devenu clair que le film n'avait aucun twist et ne changerait pas de cap. On voit le même schéma se répéter, les personnages s'égarer de la même manière, faire les mêmes erreurs, se fourvoyer encore et encore, et moi, je m'emmerde, en me demandant s'il n'aurait pas fallu en faire un moyen métrage deux fois moins long.
Cela reste une oeuvre singulière dans sa présentation, mais singulièrement creuse. Cela dit, je n'ai pas de mal à croire qu'elle pourra profondément toucher un public plus sensible à sa thématique, si les situations triviales et quotidiennes qu'il dépeint résonnent avec des expériences personnelles de rejet. En ce qui me concerne, ça n'a pas ébranlé mon coeur de pierre, et je vais plutôt aller remater The Raid.