Quand arrive la vingt-cinquième heure ...

Cela faisait bien plusieurs années que je voulais revoir ce film. J'avais commenté le livre de Gheorghiu en 2020 à mes débuts sur SC.

Le livre m'avait déjà durablement impressionné quand je l'avais lu jeune adolescent, pris dans la bibliothèque familiale. Et le film que j'avais vu plus tard à la télévision n'avait fait que raviver le souvenir. Car Verneuil, s'il a simplifié certaines étapes, a bien respecté la logique du livre.

L'histoire du paysan roumain Yohann Moritz en 1939 qui n'a qu'un tort, celui d'avoir une jolie femme que le flic local convoite. Ce dernier le fait déporter comme juif lançant ainsi une mécanique infernale qui le fera er pour juif puis espion roumain puis pour un parfait aryen puis garde SS d'un camp. Comment la machine de guerre, qui a broyé tant de gens pendant la 2ème guerre mondiale, a réussi à transformer un paysan pacifique, aspirant à une vie simple avec son épouse et ses enfants, en un véritable symbole de la politique raciale du 3ème Reich ? C'est ce que le tribunal de Nuremberg aura à démêler entre une gravissime accusation mortifère avant de revenir à la raison.

Bien sûr, il ne s'agit que d'une féroce parabole sur les mécanismes développés par les nationalismes et les idéologies nazies, communistes, capitalistes ou autres que Gheorghiu et Verneuil renvoient dos à dos. Mais quand même, cela interroge. Et ce sujet n'a pu qu'inspirer Verneuil qui a connu l'exil d'Arménie vers la lorsqu'il était enfant avec les difficultés d'intégration et d'assimilation à l'arrivée.

Verneuil a choisi Anthony Quinn pour jouer le personnage de Yohann Moritz. C'est un excellent choix où Anthony Quinn joue finement le paysan fruste qui "n'a jamais su pourquoi il était là où il se trouvait pendant les 8 ans d'errances".

Virna Lisi interprète le rôle de l'épouse de Yohann, pleine de dignité et bouleversante dans sa simplicité.

Le personnage, de l'écrivain Traian Koruga, ami de Yohann, qui se retrouvent dans un camp, est interprété par Serge Reggiani. Ce personnage est essentiel dans le roman puisqu'il est la "voix" de Gheorghiu. C'est le seul petit regret que j'ai dans ce film car le personnage aurait mérité d'être un peu plus développé.

C'est un film bouleversant qui me ionne autant que le roman. Bien sûr, quelques esprits chagrins s'étonneront que le personnage joué par Anthony Quinn qui est un paysan quasi inculte n'éprouve aucune difficulté à comprendre et à s'exprimer dans les nombreuses autres langues européennes que le roumain. Bien sûr, bien sûr. Mais je pense que ça vaut le coup de transcender cette difficulté et de n'y attacher aucune espèce d'importance devant le message d'absurdité du Destin que le film nous renvoie.


8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de 1967

Créée

le 14 déc. 2024

Critique lue 71 fois

7 j'aime

5 commentaires

JeanG55

Écrit par

Critique lue 71 fois

7
5

D'autres avis sur La Vingt-cinquième heure

Quand arrive la vingt-cinquième heure ...

Cela faisait bien plusieurs années que je voulais revoir ce film. J'avais commenté le livre de Gheorghiu en 2020 à mes débuts sur SC. Le livre m'avait déjà durablement impressionné quand je l'avais...

Par

le 14 déc. 2024

7 j'aime

5

Critique de La Vingt-cinquième heure par Ygor Parizel

En y réfléchissant bien, il n'est pas étonnant de retrouver Henri Verneuil à la réalisation car cette histoire à du le toucher en particulier. Ce film raconte le parcours d'un pauvre fermier roumain...

le 16 mai 2019

5 j'aime

3

Lisez le livre épargnez-vous le film!

Le film est long, donne l'impression de péripéties sans trop d'importance, les personnages et l'histoire sont simplifiés à l'extrême à en devenir peu crédible alors que le livre est captivant et rend...

le 12 mars 2019

5 j'aime

7

Du même critique

La mort aux trousses

"La Mort aux trousses", c'est le film mythique, aux nombreuses scènes cultissimes. C'est le film qu'on voit à 14 ou 15 ans au cinéma ou à la télé et dont on sort très impressionné : vingt ou quarante...

Par

le 3 nov. 2021

29 j'aime

20

La vanité de l'attente de l'orage

C'est vers l'âge de vingt ans que j'ai lu ce livre. Pas par hasard, je me souviens très bien qu'un copain me l'avait recommandé. J'avais bien aimé. Cependant, je n'ai jamais éprouvé le besoin de le...

Par

le 7 avr. 2023

26 j'aime

33

Quel cirque !

1959 c'est l'année de "125 rue Montmartre" de Grangier mais aussi des "400 coups" du sieur Truffaut qui dégoisait tant et plus sur le cinéma à la Grangier dans les "Cahiers". En attendant, quelques...

Par

le 13 nov. 2021

26 j'aime

5