Quand j'étais ado, j'étais un peu con.
L'expression "ado con" est d'ailleurs, à mes yeux, un pléonasme (vous savez, un pléonasme, c'est une répétition inutile, comme "monter en haut", "prévoir à l'avance", "au jour d'aujourd'hui"...). C'est un fait scientifiquement établi, les ados sont des cons. C'est pas leur faute, c'est les hormones. Malheureusement, certains restent des ados toute leur vie.
Bref, assez parlé d'eux.
Parlons de moi.
Bref, quand j'étais ado, je n'aimais pas Stallone. Du coup, je boycottais ses films. Je voyais en lui l'exemple du gros bourrin impérialiste américain. Et quand sont sortis des films comme Judge Dredd ou Demolition Man, je hurlais au scandale.
Mes goûts ayant singulièrement changé, après avoir découvert Chuck, je me devais de donner leurs chances à Sly et au Justicier Bronson itou.
Et me voilà donc à regarder Judge Dredd.
Dans un futur indéterminé, la Terre est devenue "maudite" et tout le monde se réfugie dans des villes gigantesques qui sont livrées au chaos. Les Juges sont à la fois forces de l'ordre et magistrats : ils arrêtent les criminels, les jugent et, s'il le faut, les exécutent sur place.
Joseph Dredd est l'un d'eux. Il ne vit que pour la loi. Il est l'exemple de la rigidité d'une loi appliquée à la lettre : aucune excuse, aucune circonstance atténuante. Il arrive, il défonce les murs et les plafonds, il flingue, casse des jambes, insulte s'il le faut, prononce une sentence forcément impitoyable, etc. Il marche comme une machine, agit comme une machine et, hélas, pense comme une machine.
Et je crois que l'essentiel du film est là. Dans la distinction entre la lettre et l'esprit de la loi. Dans la critique d'une certaine philosophie de la "Tolérance Zéro" qui voudrait une application mécanique et sévère des lois.
Judge Dredd est donc, à mon avis et à son humble niveau, une critique sociale. Il est un peu le petit frère de Robocop, en toute modestie, moins bien réalisé, moins féroce surtout, mais dans une inspiration similaire.
Pour le reste, c'est un film d'action que je qualifierais d'honnête. Le décor urbain est entièrement pompé sur Blade Runner (qui peut leur en vouloir ? C'est le cas pour les trois quarts des films d'anticipation des trente dernières années). L'action est là et l'intrigue ne s'arrête pas un instant. Le méchant est vraiment méchant, la musique est bien sympa et il y a Max Von Sydow. L'humour même fait mouche de temps en temps.
En bref, un bon divertissement.